Nº 1 - Automne 1997 |
Organisation de l'unité africaine (OUA)
par Marcel Kabundi
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, plusieurs états se sont regroupés au sein
de différentes organisations régionales et sous-régionales afin de mieux défendre des
intérêts communs ou de coordonner leurs politiques dans certains domaines. À cette
époque, l'Afrique était encore sous le joug colonial. C'est, plus tard, au mois de mai 1963,
à Addis-Abeba, que les chefs d'état de trente pays africains fraîchement indépendants se
réunirent autour du négus Haïlé Sélassié, empereur d'Éthiopie, pour signer la charte qui
sera le certificat de naissance d'une nouvelle organisation panafricaine dénommée:
Organisation de l'Unité Africaine (OUA). La naissance de cette Organisation régionale
ne fut pas facile à cause de deux tendances diamétralement opposées entre les états
africains. Le premier groupe représente par Kwame Nkrumah, président du Ghana,
prenait un unitarisme systématique et rapide. Il fallait liquider la balkanisation héritée de
la colonisation et de la conférence de Berlin au cours de laquelle les diplomates européens
se partagèrent l'Afrique comme un gâteau. Selon cette option, l'unité devait être imposée
d'en haut afin de faire de l'Afrique, un continent fort et prospère. L'autre groupe dont
les chefs de file furent Houphouët Boigny, président de la Côte d'Ivoire et Léopold Sédar
Senghor, président du Sénégal, favorisait, quant à lui, une démarche étapiste, c'est-à-dire,
bâtir patiemment l'unité africaine. C'est cette tendance qui triompha à Addis Abeba.
Buts
Le 25 mai 1963, la Charte africaine fut unanimement approuvée. Le Togo et le
Maroc, absents ce jour là, l'approuvèrent par la suite. La charte de l'OUA stipule qu'elle
poursuit les buts suivants: promouvoir l'unité africaine, éliminer toutes les formes de
colonialisme, coordonner les politiques économiques, culturelles et de défense. Pour les
atteindre, quatre organismes furent crées:
Défis au seuil du XXIème
siècle
Depuis sa création, l'OUA se bornait à dénoncer l'apartheid en Afrique du Sud, même
si certains de ses membres entretenaient, malgré tout, des relations politiques et
économiques avec l'état raciste qu'était l'Afrique du Sud. Parce que depuis trente et un
ans, l'OUA n'a pas semblé entendre les cris des peuples africains qui réclamaient plus de
liberté, plus de démocratie et plus de bien-être, elle a été accusée d'être le syndicat des
chefs d'État africains dont la plupart ont accedé à cette fonction par la force.
Aujourd'hui la politique raciste de l'Afrique du Sud que l'OUA se plaisait à dénoncer
dans toutes les réunions et sorties officielles, a cesse d'exister. II va falloir qu'elle se
trouve un autre agenda pour la prochaine décennie. À ce sujet, le Secrétaire général de
l'OUA, M. Salim Ahmed Salim, cité par Walter Aelvoet dans Vivant Univers no 389,
septembre octobre 1990, page 5, s'exprima ainsi. Selon lui l'OUA d'apres-apartheid
devrait:
Pour y parvenir, nous croyons, dune part, que la situation financière de l'OUA doit
s'améliorer. Pour ce faire, les états doivent verser leurs cotisations et arrières afin de
renflouer les coffres de l'organisation dont ils sont les créateurs. Sinon, toute nouvelle
initiative sera, dès sa conception, vouée, à l'échec. D'aucuns pourraient l'assimiler à des
propagandes démagogiques. D'autre part, il faut surtout que les chefs d'états africains
s'engagent à jouer un jeu franc et cessent d'abuser de la notion de souveraineté
territoriale ou de la règle de non ingérence dans les affaires intérieures d'un état. La
souveraineté appartient non à un individu mais à l'ensemble de la population. Et si cette
population réclame des mesures appropriées pour plus de démocratie, de liberté et de
bien-être, il ne faut pas seulement l'écouter mais il faut agir avant qu'il ne soit trop tard
comme ce fut le cas dans ces pays: Somalie, Erythrée, Liberia, Angola, Soudan, etc. Le
temps est sans doute venu pour que l'OUA se dote, peut-être, d'un Conseil africain de
sécurité qui prendrait des résolutions dont l'application par les états membres sera
obligatoire. Autrement, l'OUA sera une Organisation inefficace et inutile.
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